Un resto traditionnel, près du Sénat, à l'heure du déjeuner. Un confit de canard, du cahors, et même du fromage. Et à la table d'à coté, un vieux monsieur qui déjeune tout seul. Impassible, attablé devant son assiette de crudités en lisant son Monde, puis un plat, certainement du poisson vu la ptite timbale de riz qui l'accompagne. L'heure de l'addition arrive, et voilà notre vieux monsieur qui prend à parti le serveur, dont ça devait être le premier jour ("descends pas à vide !" - "vous avez demandé quoi déjà ?").
Lui explique qu'il est sénateur, qu'il vient ici recommandé par un chauffeur dont il ne se souvient plus du nom, qu'à l'époque, cet endroit était patati patata... Le serveur, terminal de paiement en main, le regarde, muet, mais, quand même, souriant, et se demande clairement quand tout ça prendra fin, parce qu'en bas, le patron s'excite, on a besoin de la machine, et il y a d'autres gens à servir.
Il était touchant, ce vieux sénateur, émouvant, à essayer de créer le contact avec un serveur qui n'en avait que faire. Il est parti dans son grand manteau crème, son Monde sous le bras, non sans essayer de retoucher un mot de son histoire au patron d'en bas, qui n'en avait pas grand chose à faire non plus.
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