Jeudi après-midi, dans le 13ème arrondissement, je m'assois sur un banc, déjà occupé, à l'autre bout, par une jeune asiatique. Je ne me souviens pas si cet homme était déjà là, entre elle et moi, ou s'il est arrivé après. Toujours est-il que je ne l'ai pas vu debout. Mais je crois qu'il était petit,. Il avait les cheveux gominés et peignés sur un crâne peu fourni, formant une banane à la Elvis. Il sentait l'after shave de mauvaise facture. Et il lui parlait, il lui chantait love me tender, love me sweet, never let me go... Elle souriait, par politesse, je crois.
Quelques minutes plus tard, elle était rejointe par ceux qu'elle attendait. Les a brièvement présentés, puis ils sont partis. Lui est resté. S'est tourné vers moi, et m'a dit "Vous avez vu, j'ai du succès avec les femmes. J'adore les asiatiques, je les trouve très jolies, vous avez vu, je lui plaisais, hein ?". J'acquiesce, et le relance, il a envie de parler. Et il parle, il parle, m'attendrit, me raconte qu'il est chanteur, qu'il chante Elvis, depuis des années, me montre le badge qu'il porte, à son effigie, dit qu'à 38 ans, il est trop tard pour faire une vraie carrière, c'est dommage parce qu'il le sait, il a du talent. "Mais hier soir, à la fête de la musique, ils avaient mis la musique trop fort, on m'entendait pas."
Et puis moi aussi j'ai été rejointe par ceux que j'attendais, et je l'ai laissé là, à chercher, à attendre la femme de sa vie, son asiatique.
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